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25 juin 2013 2 25 /06 /juin /2013 11:52

 

 

L-homme.jpeg

 

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21 juin 2013 5 21 /06 /juin /2013 10:07

 

 

 

 

Il y a une femme qui est là pour rire

Il y a une femme et elle est venue pour rire

Elle est venue pour tirer les cartes et pour rire

 

 

 

 

Il y a une femme elle a des dizaines d’enfants et elle les aime

Elle est venue avec ses enfants, parce qu’elle a des enfants

Et elle les aime

Il y a une femme, elle est là pour écouter ses enfants

Parce qu’elle est mère

 

 

 

 

 

Elle a les cheveux noirs et elle a des yeux blancs

C’est parce qu’elle n’y voit pas

Ça la fait rire et ça la fait tirer les cartes et avoir des enfants

 

 

 

 

 

Il y a une femme et c’est une autre femme

et c’est la sœur de la première

c’est la sœur et c’est la petite sœur

Et comme elle n’a pas d’enfant elle est chauve

On va parler d’elle

 

 

 

 

 

 

Elle n’est pas chauve elle a juste les cheveux courts

Et comme elle n’est pas chauve elle a une sœur qui est aveugle

 

 

 

 

 

 

 

Le soir elle se sent mal dans son ventre

Le soir elle se sent mal et elle est devenue chanteuse

Le soir elle n’aime pas, c’est parce qu’elle aime

Quand on aime on fait des regards

Elle fait des calculs, elle se sent mal

Elle fait des regards et c’est le soir

Dans sa tête il y a du sang avec des morceaux

Et dans sa tête il y a des petites goutes et ce n’est pas du sang

 

 

 

 

 

 

 

 

Àpartir de là vous devez deviner que je parle d’une femme de 30 ans

À partir de maintenant vous allez deviner que je parle d’une femme qui aime le sommeil et les cafés vides

À partir de maintenant vous allez deviner que je parle d’une femme qui avait des amis et un amant et qui est partie dans une autre ville sans rien dire

Vous avez deviné que je parle d’une femme qui travaillait dans les chemins de fer et maintenant elle travaille dans la musique,

elle porte le matériel des musiciens et donc elle est chanteuse

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Elle a toujours été chanteuse, surtout quand elle travaillait dans le fer

Elle a toujours été chanteuse, sauf qu’elle ne chantait pas

Elle a toujours voulu être chanteuse, sauf qu’elle était chanteuse déjà

Alors elle n’a pas eu d’enfants

Elle ne va pas en avoir parce que le soir elle se sent mal

Et les enfants n’ont pas besoin de ça

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les enfants ont besoin de manger le soir et de bien dormir

Les enfants ont besoin de manger le soir et d’avoir un parent qui mange

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les chansons qu’elle chante c’est à propos des tromperies

C’est à propos des gens qui se trompent ou des gens trompés

C’est ce qu’elle aime

Parce qu’elle aime les bouches

Elle aime les bars vides

Elle aime tous les animaux

Elle aime les cheminots

A ce moment vous devez savoir que vous la regardez

Parce que tout le monde la regarde

C’est parce qu’elle est dans la chanson

C’est parce qu’elle est dans une guerre de politique et de garçons

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Son mari elle n’en a pas

Son fils elle n’en a pas

Son père il était doux

Il était sourd

Sa sœur aveugle

Et dans sa tête il y a quelques morceaux,

C’est en forme de cercle mais il évolue

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

30 ans c’est beaucoup mais elle a dormi aussi

30 ans c’est idéal mais elle est partie à cause d’une personne qui s’est tout de suite rencontrée, qui s’est immédiatement rencontrée dans une violence,

dans une brutalité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À ce moment tout le monde sait que ça se passait dans un train et tout le monde sait que c’était un homme faible

Il est arrivé, il était assis et c’est elle qui est arrivée

Il est arrivé, il a levé la tête et elle ne l’a pas regardé

C’est une fille qui n’aime pas du tout regarder les autres

C’est une fille, on comprend qu’elle aime le sommeil et qu’elle aime le soir, ça lui donne de la douleur

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On comprend que dans un train elle a l’envie de s’arracher les dents

Et elle a l’envie de s’arracher la langue et les yeux

Et elle a l’envie de se couper la peau et les morceaux de sa tête

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Elle a une famille et elle ne va pas faire tout ce qu’elle veut avec le sang.

 

 

 

 

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19 juin 2013 3 19 /06 /juin /2013 22:13

 

Déserter et la langue et la terre, les dunes le sable et ces voix qui emplissent la bouche. Déserter toujours Tarik sait qu’il s’agit de déserter, partir, rendre les armes comme chacun doit rendre les armes à vingt-cinq ans, et seulement avancer, déserter. Vivre si loin mais vivre. Devenir le chemin. Faire confiance au nom. Déserter le souvenir, déserter la guerre qui depuis des années. _____________________ Tarik est perdu il a ________________
_______ vingt-cinq ans _________ il a déserté ______________
___ et _____________ le souvenir ________________________
sous le sable le père la _____________ mère _______________
_________________________ les ________________________
_____________ sourire // voix // bouches

 

                                   angles étranges

 

                  balles // bombes // obus

 

                                                     seulement les

                                                     dunes le

                                                     sable

 

                  la guerre

 

Tarik a vingt-cinq ans, il est jeune, il est égaré. Tarik a vingt-cinq ans il est perdu et à vingt-cinq ans, il faut déserter. Seulement habiter la frontière, la limite. La faille. Tarik a un nom et ce nom, ses parents, chemin première étoile, le lui ont confié comme on confie _______________
___________________________ un égarement.

 

 

 

 

Tarik a vingt-cinq ans, cela fait cinquante ans que Tarik a vingt-cinq ans, peut-être des siècles et des silences. Tarik a vingt-cinq ans, il a connu la dislocation des corps. La combustion des chairs. La fracture des os. Mais à la mort Tarik a toujours opposé le rire. Car c’est bien la seule protection, le seul chemin contre et vers l’inévitable désastre. Tarik a raison, rien n’est plus drôle que ce monde bien délimité, bien découpé, bien organisé et pourtant sens dessus dessous.

 

 


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14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 23:45

 

 

 

Tarik est jeune, il est un homme. Tarik a vingt-cinq ans hier, et parfois cinquantevingtcinq ans lorsque la nuit est lourde, la région inhospitalière, les jours passés à dormir à même le sol douloureux dans sa nuque, et le sable, les bottes, le sentiment de n’être rien. Le corps se brise mais le corps avance, Tarik est là, il est jeune, Tarik a vingt-cinq ans depuis des siècles, il avance et avancera toujours, car son nom. Car sa terre. Sa langue et ses dents comme des stèles. Sa terre. Tarik parcourt toutes les terres, il ne sait pas comment c’est possible. Comment c’est possible d’être partout chez soi, nulle part chez soi. Comment c’est possible de voyager, ou plutôt de crever d’une minute à l’autre, dans des soutes / des trains d’atterrissage / des camions frigorifiques / des bennes / des wagons de marchandises / des montagnes nues et des déserts sans nombre / des postes de frontières / des terrains minés / des zones de guerre / des eaux à traverser / des barques échouées /

 

et surtout l’indifférence de ceux qui ne savent plus ce qu’est la souffrance.

 

 

 

Tarik avance et avancera, il est le chemin conquérant, Tarik a vingt-cinq ans mais ses souvenirs et les vôtres le hantent. Comment la bouche du père s’est un jour refermée, si loin du corps et si près du sol. Comment le visage de la mère, face contre ciel et le sable déjà creusant les sillons des rides. Tarik est jeune, il a vingt-cinq ans, il est seul comme on est toujours seul à vingt-cinq ans, lorsqu’on choisit de ne plus. De ne jamais avoir. De rester. De toujours avancer et quand bien même nulle part, toujours avancer. Tarik a vingt-cinq ans hier et depuis des siècles, la bouche close de son père, le visage de sa mère, lui ont confié un nom et une marche à ne jamais cesser des siècles et des stèles. Tarik est perdu du haut de ses vingt-cinq ans, mais il sait. Il sait que le chemin mène toujours quelque part. Que la première étoile indique toujours le Nord. Que l’amour se partage encore. Que l’abolition des frontières se conquiert sans cesse. Qu’il existe des hommes bons de chaque côté de la mer. De chaque côté de toutes les mers, tous les océans, toutes les montagnes, tous les déserts. Que ceci est et sera à jamais, comme le sol qui appelle le pied, et le souvenir l’oubli. Tarik a vingt-cinq ans, c’est un très vieux jeune homme, il n’a jamais cessé. Il n’a jamais.

 

 

 

Tarik a vingt-cinq ans maintenant, il avance lourd, il avance lent, comme il est seulement possible d’avancer à vingt-cinq ans. Tarik est une disparition. Il sait que dehors plus rien. Et le silence, et l’oubli. Il sait que dehors le sable, recouvrira tout. Tarik avance toujours, sans être là. Il a vingt-cinq ans hier et à vingt-cinq ans, on n’est jamais vraiment là. Mais il avance car son nom le veut, et la terre est brûlante sous ses pieds, le pays inhospitalier, peuplé de mauvais regards, de mépris, de méfiance et de douleur aussi. Pourtant, Tarik a cinquantevingtcinq ans, son sang coule toujours dans ses veines. Il bat palpite coule. Son sang a abreuvé tous les chemins, tous les pays, toutes les guerres. Ce sang a bâti des murailles, dressé des palais, des temples, engendré des gouvernements, augmenté la production des usines. Pour que seulement d’autres se sentent moins immobiles, moins silencieux. Moins seuls. Tarik est un jeune homme, des milliers de chemins courent dans ses veines. Des milliers. Mais Tarik n’habite nulle part, la marche est sa demeure. Et la terre toujours brûlante sous ses pieds, comme si en-dessous les regards du père, les yeux de la mère, perçaient.

 

 


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10 juin 2013 1 10 /06 /juin /2013 11:20

 

 

Tarik a une langue. Tarik est jeune, il est perdu à vingt-cinq ans comme tous les jeunes sont perdus à vingt-cinq ans. Mais Tarik a une langue. Une langue emmêlée, tressée, perdue. Tarik a une langue et un nom. Une langue comme le chemin, en mouvement, sans frontières. Et un nom, la première étoile, celle qui guide comme le chemin.

 

Une langue qui dit [respirer] [avancer] _______________________________ ces images dans et dans et dans la ________________ tête ______________dans la _____ le ______ les ______ la __________ tête _____________________ feu /// balles /// bombes /// angles étranges /// déchirures quotidiennes /// angles étranges /// pièces morceaux bouts fragments écla

                                                                                        boussures

 

                                   angles étranges

 

 

Tarik a vingt-cinq ans tous les jours, il est jeune comme on est jeune à vingt-cinq ans. Sa langue ne s’arrête pas. Sa langue avance et se perd. Car se perdre est toujours emprunter l’autre chemin. Le bon chemin. Celui qui ne mène nulle part alors partout. Partout. Partout.

 

Tarik est jeune, c’est un homme. Il a vingt-cinq ans. Cela fait cinquante ans qu’il a vingt-cinq ans. Tarik est jeune plus très jeune, il est un homme est un souvenir, le chemin la première étoile. Tarik a vingt-cinq ans et il avance, à ce monde où tout va trop vite, il oppose sa propre lenteur, son égarement, sa langue qui trébuche et l’écho du vent entre les dunes de sable, entre les amas de corps [disloqués]. Entre les.

 

Tarik est jeune, il a vingt-cinq ans. Tarik est un souvenir désœuvré. Parfois des ombres balaient le chemin mais Tarik sait. Le sang. Les angles étranges. Le nom. Tarik sait. Tarik est jeune plus très jeune à cinquantevingtcinq ans, il est un chemin mais quelque part la pierre, en silence, et sous la pierre les visages familiers. Tarik est jeune, il a vingt-cinq ans et aura vingt-cinq ans tout le jour, il avance sans connaître la frontière, seulement la fatigue, le souvenir, les shrapnels dans son dos, et le démembrement de la langue. Mais Tarik est jeune, il avance, et sa lenteur est sa force sa _____________ lenteur ___________ . Et comment se perdre est toujours trouver mais ________ pas les ______ ni _________ pas les _________ mots ______ comment _________ avancer mais ________ .

 

Tarik est un vieil homme. Ses parents sous le sable lui ont donné un nom. Sous le sable un murmure et des visages, le son du vent entre les dunes. Ses parents. Ils ont dit chemin, première étoile, amour. Et de la multiplicité est venue l’unité. Tarik n’a aucun pays, il a tous les pays, comme tous les hommes de vingt-cinq ans demeurent dans cet égarement des stèles et des

 

                                                             s

                                                             i

                                                             è

                                                                      c

                                                                      l

                                                                       e

                                                                      s

 

Tarik perçoit son sang. Il coule bat palpite palpite palpite. Un jour ce sang rejoindra la terre et le sable, deviendra le chemin. Le nom. Tarik sait qu’à une lettre près ce sang, un jour ___________________
______________________ T   A   R   I _______________________ .

 


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1 juin 2013 6 01 /06 /juin /2013 09:58

 

 

 

nous avons marché et marché et marché sans cesse l’œil et l’oreille attentifs à tout changement à tout glissement imperceptible dans cette condition non-renouvelable chaque matin la colère la sainte colère qui nous a fait marcher et marcher et marcher jusqu’ici et sous terre et dans l’ombre des pierres racines branches ronces cette colère lorsque nous avons su que plus rien plus rien plus rien et nous qui sommes-nous où sommes-nous et peut-être déjà boue déjà sel déjà cailloux et ombres en mouvement non nous n’avons jamais su en fait nous n’avons jamais su nous avons seulement marché quand tout nous abandonnait quand tout se disloquait le chant des oiseaux déjà imperceptible l’étrange résonance de nos semelles la plaie refermée et cette faim très loin très boue très sol nous avons marché et toujours la douleur mais nos corps légers comme si les os déjà plus avant que nous déjà ailleurs nos corps légers nos os nos fractures nous avons marché et nous seulement des ombres un sifflement peut-être le courant d’air qui vous frôle parfois quand tout est si muet dans vos intérieurs nous seulement de l’air des ombres glacées notre colère toujours le refus de nous résigner nous avons marché et marché et marché encore des kilomètres des années des sommeils en attendant la nuit en espérant la nuit et le repos mais jamais et ces balles ces bombes ce feu sans cesse dans nos têtes nous avons avancé vous nous avez méprisés et vous saviez vous saviez que nous plus longtemps plus très chair plus très loin malgré tout vous saviez et le paysage qui défilait sous nos pas nos respirations rauques vous saviez et nous avons avancé refusé et même lorsque la terre la caillasse dans nos bouches et même lorsque la terre vous saviez crier souffler aimer nous avons beaucoup aimé oui nous avons passé notre vie à aimer oui et maintenant que nous sommes seuls maintenant sur le chemin et maintenant que la boue et le désert et l’attente nous aimons encore mais d’une façon plus distante plus imperceptible plus subtile aussi nous aimons encore oui en marchant en avançant vers la limite vers la nuit vers le désert qui gagne nous seulement ombres seulement vent points obscurs si lourds de la terre dans nos bouches si lourds de mots oui nous le désert avons marché et marché et marché en nous demandant en nous demandant toujours en respirant aussi en crachant des mottes de terre tout le long de notre passage nous avons écouté les merles corneilles pinsons mais le silence seulement le silence nous avons écouté seulement rien et peut-être nos oreilles disparues ensevelies peut-être nos oreilles nous avons marché toujours attentifs à l’improbable à ces lendemains et vos portes aussi closes que vos corps et vos pensées comment accueillir l’inacceptable le déséquilibre nous avons marché et marché et marché encore en funambules et nos dents éclatées nos mâchoires brisées nous avons marché attentifs à ce soir qui ne vient pas attentifs toujours et dans nos yeux l’espoir du repos de la limite et d’une vie plus tellement courbatue nous avons marché et marché et marché encore 

 


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28 mai 2013 2 28 /05 /mai /2013 18:28

 

 

 

nous avons marché et marché et marché encore oui nous avons crevé encore et plus loin que le temps plus loin nous avons crevé ici où il fait très froid où il fait très sol et très seuls nous avons crevé sous vos yeux qui refusent de voir et même dans la nuit absente nous avons marché et marché et marché encore et respiré aussi en nous demandant si nous morts si nous des fantômes ignorant notre condition si nous des mirages luttant contre la végétation le désert et le sable qui tôt ou tard recouvrira tout nous avons marché mais nous morts nous le mirage n’étions peut-être pas là seulement l’écho d’une lutte plus ancienne contre le sable et le vide nous morts nous n’étions peut-être pas là et ce bruit de semelles déjà si lointain et le cri des corneilles merles pinsons nous avons marché et non rien rien que le silence et peut-être nous pas tout à faire morts encore nous peut-être quelque chose entre le fantôme et l’ombre toujours en mouvement peut-être quelque chose de plus lointain que le corps et le souvenir de l’os pas tout à fait nous avons marché et marché et marché dans cette incertitude l’angoisse sommes-nous là existons-nous vraiment nous avons marché comme les morts les fantômes les souvenirs marchent c’est-à-dire en silence sans traces et plus loin que vous nous avons marché sommes-nous là existons-nous et plus aucun son plus aucun chant ni les balles ni les bombes ni même vos rires qui pourtant nous ont si longtemps accompagnés nous avons marché et marché et marché si loin tout au bout de la limite tout au bout de la forêt et vers un désert qui tôt ou tard nous avons marché pour devenir le sable sous les pieds entre les orteils et dans la bouche aussi dans la bouche l’aridité nous avons vu ce devenir et pourtant encore la terre la racine l’humus et ces craquements de branches ou peut-être nos dents que vous écrasez nos dents nos mâchoires ce qu’il reste ou restera de nous après l’aube après le soir après la fin du monde même lorsque vous aussi vous vous serez battus contre ce désert qui aura pourtant le dernier mot et dans cette nuit qui ne vient pas nous avons marché et marché et marché encore et à nouveau la forêt et la brutale conscience de la force des hommes oui cette force cette ténacité sans limites car la vie humaine est bien difficile bien douloureuse et parfois décevante oui la conscience soudaine que chacun lutte à sa façon et contre son propre néant son propre désastre sa propre existence si difficile et sans nous être jamais arrêtés sans jamais jamais jamais avoir tourné les talons nous avons repris et marché et marché et marché encore

 

 


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23 mai 2013 4 23 /05 /mai /2013 23:21

 

Une mise en voix du texte "Nous avons marché" de Yannick Torlini, par Franck Oslo Deauville, lors de l'émission "Une étoile dans la gorge" N°14, sur Radio Soleil 35

 

Le texte commence à 5:18

 

 

 

 

http://zoorama.blogspot.fr/2013/05/une-etoile-dans-la-gorge-14.html

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23 mai 2013 4 23 /05 /mai /2013 01:11

 

 

 

nous avons marché et marché et marché et vous nous avez haïs pour cela vous nous avez haïs et souhaité notre disparition notre mort et les larmes chaque matin ravinant nos joues les larmes et le sel sur la plaie et toutes les solitudes possibles nous avons marché et marché et marché encore tout au bout de votre mépris de votre désespoir si bien dissimulé derrière vos sourires vos joies factices et vos jours si paisibles nous avons marché et marché et marché les larmes et le sel nous avons marché encore apprivoisé cette colère cette rage sourde nous avons marché apprivoisé cette colère pour la changer en énergie en avancées en pas en sang à battre nos tempes nos cœurs notre amour aussi puisque nous crevons de n’avoir jamais autant aimé nous crevons de l’amour que nous ne pouvons donner nous avons apprivoisé cette colère chaque matin chaque pierre chaque branche chaque trébuchement nous avons apprivoisé cette colère dans nos corps en lambeaux nos voix tues nos gorges à dénouer et toujours nous avons marché et marché et marché toujours la rage la colère et ce qui nous fait avancer malgré tout ce qui nous fait apprivoiser l’inacceptable nous avons accueilli la guerre sous notre peau dans nos chairs nos os nos sueurs nous avons accueilli la guerre les tremblements l’angoisse plutôt que de subir le temps le désastre vos choix et votre quotidien bien assis à la table des souvenirs votre quotidien et vos choix bien assis nous avons marché et marché et marché encore plus loin que vous plus loin que nous et nos ombres si maigres maintenant nos ombres si maigres et légères et froides et subtiles le vent a menacé de nous emporter le vent et la pluie de nous fendre la terre de recouvrir nos yeux et nos bouches nous avons marché et marché et marché toujours 

 


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20 mai 2013 1 20 /05 /mai /2013 13:31

 

 

 

nous avons marché et la peau nous a fait mal nos langues nous ont étouffés nos cris se sont étranglés nos pieds se sont déformés nous avons marché et marché et marché nous avons beaucoup rêvé aussi beaucoup rêvé tandis que quelque chose nous tuait nous avons rêvé d’autres rêves d’autres géographies d’autres marches surtout nous avons rêvé de ne plus jamais jamais jamais rêver ni marcher malgré tout nous avons rêvé les balles les bombes le feu plus loin que nos silhouettes en mouvement plus loin plus loin oui là où seulement l’écho le souvenir la cicatrice nous avons rêvé la cicatrice dans le matin l’attente d’un soir la cicatrice et le silence de nos morts abandonnés des kilomètres et des kilomètres avant la résignation nous avons marché et marché et marché juste avant la résignation marché juste avant pour seulement écouter cette guerre entrecoupée de silences bien plus effrayants encore de silences bien plus effrayants que la seule haine qui couve nous avons marché alterné le plein et le vide le plein et le vide le plein et le vide nous avons marché et marché et marché et qu’avez-vous dit qu’avez-vous dit lorsque nous avons choisi de ne plus rien dire lorsque nous avons choisi de seulement écouter nos semelles nos os nos plaies et le crissement de la caillasse dans l’aube qu’avez-vous dit dans ce fracas votre immobilité votre refus de nous voir ou de seulement nous entendre qu’avez-vous dit pendant toutes ces années où nous nous sommes tus toutes ces années où nous nous sommes tués dans le vivre l’existence la marche le refus encore et toujours le refus de s’arrêter de regarder en arrière ou d’espérer autre chose que la fin de la souffrance qu’avez-vous dit dans nos larmes nos idéaux notre marginalisation consentie nos crânes bien pourrissants qu’avez-vous dit lorsque cette guerre à vos portes toujours closes cette guerre ce fracas et chaque matin nous avons marché et marché et marché encore seuls encore loin et encore rien nous avons marché nous avons accepté cette fidélité à la pierre au mouvement aux recommencements sans fin nous avons accepté comme parfois accepter équivaut à tout refuser dans l’attente d’un soir jamais à venir tout refuser et jusqu’au refus même nous avons marché et marché et marché toujours

 

 


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