E LA NAVE VA
« Va, va, va dit l’oiseau ; l’espèce humaine ne peut pas supporter beaucoup de réalité »
T.S ELIOT
a gémi doucement
sa main blottie dans la mienne
une incroyable tendresse
les femmes pleurent s’arrachent les cheveux
se défigurent le visage
poitrine décharnée
souffle laborieux chaotique
râles déchirants
la gorge s’encombre
celui qui attend l’éléphant attend la mort
celui qui attend le buffle attend la mort
ambiance chaleureuse calme
dégradé tous les jours
le bain
être touché sans gant
contact d’une main
ça pue la mort les corbeaux sont comme moi
l’odeur de la mort
face à mon corps
la mort n’est pas une ennemie à combattre
ne dis pas cela
je vais mourir
un peu de temps à vivre
mort du saumon
ma mort
là-bas on l’empêchera de souffrir
pallium
rêver d’être allongé dans la maison de la grand-mère de bubot
rêver d’être allongé dans la maison de la grand-mère de tauh
la mort qui meure
il regardait son kaposi sans aucun sentiment
ne pas indisposer par l’odeur
putréfaction
rencontrer cette humiliation
je ne suis pas très intéressant
un vomissement continuel
l’a mis aux abois
venez et recevez la sépulture
caressez le tombeau le monument
mourir vivant n’est que sagesse pure
jeunesse des sidéens
libido
qu’on l’écoute
combien de temps cela va-t-il durer
orbite funèbre
du mourant
remercier fréquemment
annoncer à ses proches qu’on va mourir
vous aussi devez rejoindre
le pays des décharnés
sans mouvement d’émotion excessif
héroïquement supportées
d’horribles souffrances
terrible passage
quitter poliment la scène sociale
la beauté dans sa vie
suis-je encore aimable
violence de l’aspect extérieur
les feuilles d’érables se parent de leurs plus belles couleurs
avant de
d’immenses solitudes d’immenses détresses
ne pas mourir avant de mourir
chaque heure est la pelle chaque moment
qui pour un prix de tourments et de peines
creuse au cœur de ma vie mon monument
négation colère marchandage dépression acceptation
quelques heures quelques jours quelques semaines
dire sa lassitude à vivre
ultime consolation-soumission
j’ai regardé les chiens blancs de l’aube
que la mort arrive
que la danse arrive