être absent absenté à soi place
le point de fuite de nous peut-être
quelque part par-delà le nous
comment faire en sorte que rien
ne sorte du plein de rien
tout ne sera jamais tout le
corps une consistance impossible
***
pourrait-il être pourrait-il n’être pas le
babil insatiable jusque sur les murs la pièce
ça ne s’arrête pas ça ne s’arrête jamais
il faut revivifier le tous-les-jours par
l’affreuse langue de jamais je ne suis c’est
tout au fond du maintenant embourbé
dans le maintenant ça ne s’arrête jamais
***
ma langue recherche le mouvement constant
la consistance de soi tassée dans la
légèreté des matins ma langue recherche ma
langue recherche l’inadmissible au fond
de la vie admise ma langue est une pierre
qui tombe dans la mort des possibles
ma langue se tait lorsque je parle
***
je me tasse je me tais
au fond de la parole au fond
des matins identiques je me tasse
au fond des images qui se répètent
au fond du trou de la
langue je me tasse au fond de
l’impossible-je la vie
marchande le corps je me tasse
démantelé signifiant
signifié double identité je me
***
pas encore tout-à-fait là pas encore
dans la forme même du parler
informe je suis dedans oui dedans
il y a quatre murs d’exister dans
et la voix ne vient pas jusqu’
au cri irrigation de maintenant jamais
***
poursuivre le vide de chaque matin
dans la démesure de la vie errante
image après image slogan après slogan
trouver encore quelque chose à dire
là où tout se répète à l’unisson
il y a encore il y a il y a
nos échos qui se confondent dans le rien
***
la gorge à tout bout de champ la gorge quand
rien ne passe plus dans le barrage de soi comme
un possible improbable dans la lenteur de demain comme
un éclat du corps dans la mosaïque des moments presque
comme du sens au fond de la mécanique de maintenant
comme un lien avec les jours liants un à un
voix après voix après cri après chuchotement après quelque vie
pas plus de précision puisqu’il faut exister global dans
le pierre après pierre de chaque matin désagrégé