Tapages, c'est les attardés de l'avant-garde. Tapages, c'est du réchauffé, parce que la cuisine c'est pas notre truc. Tapages, c'est ceux qui croient qu'on a encore un corps en état de fonctionner. Tapages, c'est ceux qui pensent que le poème est un corps en action.
en un tour de main en un coup
de cuillère à pot en un rien
de temps en un clin
de vie
en un rien
demain
en un coup d’œil en un tour
de vis en un mot
comme en cent
la cuisine toujours commence par perdre
ses repères
en un retournement
en un
tour de rein
en un tout-en-un en deux
temps trois mouvements
la cuisine creuse son inutilité dans
l’utilité déclarée de ses objets
le travail à mains nues déshabille l’indécence des ustensiles
inexorablement la propreté d’une cuillère nous pend la tête en bas
déforme les visages dans l’inox
dans l’étincellement de la monstruosité
dans l’effondrement des plafonds
dans la remontée du sol
en un instant d’inattention extrême
extrêmement se tend le fil de l’histoire
dans l’orbe de la cuillère tourne l’ensemble de la cuisine
les arrangements du sens
les agencements du rance
dans la petite cuisine politique on touille
on touille tout avec la même cuillère
en faisant croire à chaque fois que ce n’est pas la même cuillère
on laisse entendre que changer la cuillère suffit à rendre mangeable le rata ignoble de l’histoire
et l’histoire s’écrit une cuillère pour papa
une cuillère pour maman
on finit par tout avaler à la
pelle pêle-mêle sans même
s’en rendre compte
ainsi
on a mille fois papa maman pour se gaver
puis on fait son rot
dévotement on rote
on vote pour nos déroutes
on prend l’instinct de l’intestin pour un destin
du stade anal au stade national la gymnastique démocrate fait transpirer le corps électoral
dans la cuisine
qui est une contre-cuisine politique
on passe la démocrasse au gant de crin
on gratte ses démocroûtes