Tapages, c'est les attardés de l'avant-garde. Tapages, c'est du réchauffé, parce que la cuisine c'est pas notre truc. Tapages, c'est ceux qui croient qu'on a encore un corps en état de fonctionner. Tapages, c'est ceux qui pensent que le poème est un corps en action.
On s’enferme dans des carcasses
De chair on se
cloisonne loin
De tout ça
Depuis la porosité des murs
Depuis la conque des jours
lents
(Une parodie de soi)
La
langue progresse – essaie –
La langue se déchire sur le seuil
La langue vient
Une transparence de la lampe s’offre
À la crispation de la main
Pâle la nuit étouffe
Elle entre
Elle emplit la
vue
Elle emplit la chair
Elle
dans les simagrées du vent
Elle reconnue
Jusque là il n’y a rien
Jusque là une présence effleure
Jusque là son corps
Elle
Sans souffle
L’univers crisse à la porte
Un pan du corps plonge
On s’expose
Le ton est donné
La parole devient condensation
L’air n’y est plus
Le ton n’y est plus
La voix casse
Un fil recoud nos existences
Voudrait
Un instant elle s’efface
Le liant s’effrite un peu
La pièce se froisse
La vie écarte
(Passable la vie)
Les gestes semblent soudain désaccordés
Une drôle de pluie frappe l’œil
Ça tarit
Enfin non
La parole n’y est toujours pas
Les mouvements passés se bousculent
La tête reflue
Ce fut quelques années auparavant
Quelques années s’étaient échafaudées
Pas de coordination dans tout ça
Quelques années
Elles emplissaient la pièce
Elles se dispersaient de toute la largeur
Du monde elles se dispersaient
Aux quatre coins vides
Manquait encore le mécanisme de la gorge
De nouveau ses gestes identiques à tant
Le pas ne semble pas réduire l’écart
Il ne semble pas être
Le pas
Un peu d’air s’alourdit malgré tout
Dans les poumons ça habite
Le mot afflue depuis le regard
Un muscle se crispe
Quelques gouttes de sang circulent lourdes :
L’air s’expire
La pièce est toujours là
Il suffirait de remonter le flot
Des pensées pour voir
Une lourdeur profonde s’installe
Dans le bras
Le corps pèse
Ça disloque
L’être éclate en-dedans des côtes
La chambre est toujours là
Le bureau est toujours là
En désordre
Le lit est toujours là
Les étagères craquent sous tant de
Un peu de lumière voudrait encore
Le regard devient passable
Le regard devient entier
Une tempête semble battre la prunelle
Un instant le corps s’affaisse
Sous le souvenir inerte du geste
Un ressac de lumière emporte les ombres
Un instant son corps s’efface
Un instant sa présence s’offre
La nuit s’écrase à la fenêtre
La gorge libère le souffle
Ça voudrait encore un peu
Sa voix s’effrite sur les murs
Nos sens se confondent
L’écho naît du peu d’air
La pièce s’irrigue
Le reste vit
Sans doute
Ça palpite
Le regard vert-de-gris
Sans doute
L’écart dissout le vide
L’écart se dissout
La parole s’alourdit dans la chair même
Nos corps deviennent échos
Quelque part dans la pièce vide
Yannick Torlini