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Tapages, c'est les attardés de l'avant-garde. Tapages, c'est du réchauffé, parce que la cuisine c'est pas notre truc. Tapages, c'est ceux qui croient qu'on a encore un corps en état de fonctionner. Tapages, c'est ceux qui pensent que le poème est un corps en action.

Page T de la lettre D, par Philippe Jaffeux

T

T

Es-tu pratique ? Une abstraction concrétise l’activité d’une vingtième impossibilité théorique

Je règle l’action d’un abécédaire sur ma mesure expérimentale de vos vingt-six pages usuelles 

Es-tu précis ? Je définis la valeur de mon art avec un nombre inutile à ce vocable approximatif 

Un quatre cent quatre-vingt-seizième entretien glorifie l’exactitude de cette réponse absolue

Es-tu précoce ? J’apprends à devenir moi-même depuis que j’ignore votre abécédaire enfantin

Je vous réponds avant de savoir lire pour devancer des pages prêtes à questionner une image

Es-tu un précurseur ? Je parle depuis toujours au rythme de ton retard sur un alphabet éternel

J’accouche avant terme de tes six cent soixante-seize cris si je précède la naissance de ce mot 

Es-tu présomptueux ? Ma parole est une apparence qui te dispense d’être un écrivain tangible

Je ne possède aucune opinion sur moi-même ni sur vingt-six lettres qui jugent un analphabète 

Es-tu pressé ? Des interlignes s’élèvent au-dessus de l’écriture à la vitesse d’un chiffre obscur 

Je mesure la lumière d’un abcd illisible pour ne plus avoir le temps de vous répondre par écrit

Es-tu prétentieux ? Ce cinq cent unième artifice outrage la nature d’un dictionnaire modeste

Un compte à rebours mystérieux renverse des lettres sur un nombre qui efface votre question

Es-tu un prêtre ? Ton ordre hiératique abuse de mes prières adressées à un alphabet chaotique

Les effets d’une origine rigoureuse réfutent ta dévotion ostentatoire à un entretien occasionnel

Es-tu prévoyant ? J’anticipe vos cent soixante-treize futures questions avec le passé d’un abcd

Je survis à ton ordinateur si un cinq cent troisième accident comble l’imagination d’une forme

Es-tu un primitif ? Je numérise vingt-six mots inédits en ponctuant autant de pages archaïques

Le jeu de mon abécédaire périmé vole au secours de six cent soixante-seize octets réversibles 

Es-tu un prisonnier ? Tu es captif d’un chiffre libre si je formate les évasions d’un contraste

Un cinq cent cinquième barreau tombe entre les mains d’un clavier irréductible à l’écriture

Es-tu privilégié ? Je suis le seul à savoir comment jouir d’un art réservé à des octets élitistes  

J’ai la chance de parler à vingt-six lettres ordinaires si tu obéis à autant de pages supérieures 

Es-tu prodigue ? Je dilapide un quatrième patrimoine en comptant les mots de ton dictionnaire

Six cent soixante-seize points d’interrogation gratuits ruinent vos vingt-six pages hypocrites

Es-tu profane ? J’ignore les droits sacrés d’une écriture étrangère à un défilé de lettres initiées

Vous bravez mon intimité avec l’ignorance scientifique de cette cinq cent huitième mesure

Es-tu prolixe ? Mes vingt-six cris concis assourdissent le babil de ta ponctuation redondante

Je vois tes questions ennuyeuses à l’aide d’un abécédaire récité par un écrivain analphabète

Es-tu un promeneur ? J’admire cinquante et une interlignes qui décrivent un voyage invisible

Votre ponctuation solitaire rêve d’être surprise par ma rencontre avec un paysage numérique

Es-tu un prophète ? Je t’annonce ce que tu ignores grâce à une lettre écrite par un analphabète

Je numérise une ponctuation messianique qui inspire l’exactitude d’un ordinateur sans avenir

Es-tu prosaïque ? Des octets poétiques dérèglent ton abécédaire avec un dictionnaire grossier

Le témoignage numérique d’un alphabet idéal pagine la déformation de votre entretien banal

Es-tu provençal ? Je bavarde avec un climat qui rafraîchit l’ivresse de cinquante et un rayons

Je mondialise ce cinq cent treizième mot en blaguant avec la volupté de ta mesure régionaliste 

Es-tu un provocateur ? Un vingtième corps excite ton esprit défié par un alphabet immatériel

Cinquante et une interlignes vivent en paix sur une couleur qui anime la vérité d’un manque

Es-tu prudent ? Un cinq cent quinzième garde-fou t’invite à risquer ton art sur un autre mot

Deux majuscules irresponsables interrogent à contretemps la suite logique d’un abc minimal

Es-tu puissant ? L’intensité numérique de l’alphabet m’élève au-dessus d’une réponse binaire

Une infinité d’octets déborde sur la cinq cent seizième limite de ma quatrième contemplation

Es-tu pur ? Je mélange un nombre avec des lettres afin de corrompre la transparence de l’air

Je tamise vingt-six détails avant de définir les contradictions d’un écrivain analphabète parfait

Es-tu quelconque ? Un vingtième ordre qualificatif se révolte contre ton dictionnaire imparfait

Je numérise une quatrième lettre grâce au retard de ton ordinateur sur un hasart remarquable

Es-tu quelqu’un ? J’identifie vingt-six cartes pour trouver le nom d’un analphabète clandestin

Six cent soixante-seize territoires dépersonnalisés déportent votre abcd sur un autre entretien

Es-tu radical ? Je me situe à l’extrémité d’une ponctuation prête à dépasser ce mot consensuel

Mon rôle consiste à être lu par le jeu d’une image avec cinquante et une interlignes ultimes

 

 

 

-Notes : La lettre D s’intitule «Entretien ? » car elle contient 676 questions classées dans l’ordre alphabétique.   

   Les 26 réponses de chaque page sont disposées sur deux lignes soit 52 lignes et 51 interlignes. La pagination

   est dédoublée afin de s’accorder aux réponses écrites sur deux lignes. La dernière phrase se termine par des   

  points de suspension qui annoncent la lettre E.

 -Précisions : le vouvoiement et le tutoiement s’alternent à l’envie , parfois dans une seule phrase. Disparition des majuscules  

   sur les deux dernières lignes de la page Z. 

 

 

 

 

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