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Tapages, c'est les attardés de l'avant-garde. Tapages, c'est du réchauffé, parce que la cuisine c'est pas notre truc. Tapages, c'est ceux qui croient qu'on a encore un corps en état de fonctionner. Tapages, c'est ceux qui pensent que le poème est un corps en action.

Nous avons marché (3), de Yannick Torlini

 

 

 

nous avons marché et marché et marché et vous nous avez haïs pour cela vous nous avez haïs et souhaité notre disparition notre mort et les larmes chaque matin ravinant nos joues les larmes et le sel sur la plaie et toutes les solitudes possibles nous avons marché et marché et marché encore tout au bout de votre mépris de votre désespoir si bien dissimulé derrière vos sourires vos joies factices et vos jours si paisibles nous avons marché et marché et marché les larmes et le sel nous avons marché encore apprivoisé cette colère cette rage sourde nous avons marché apprivoisé cette colère pour la changer en énergie en avancées en pas en sang à battre nos tempes nos cœurs notre amour aussi puisque nous crevons de n’avoir jamais autant aimé nous crevons de l’amour que nous ne pouvons donner nous avons apprivoisé cette colère chaque matin chaque pierre chaque branche chaque trébuchement nous avons apprivoisé cette colère dans nos corps en lambeaux nos voix tues nos gorges à dénouer et toujours nous avons marché et marché et marché toujours la rage la colère et ce qui nous fait avancer malgré tout ce qui nous fait apprivoiser l’inacceptable nous avons accueilli la guerre sous notre peau dans nos chairs nos os nos sueurs nous avons accueilli la guerre les tremblements l’angoisse plutôt que de subir le temps le désastre vos choix et votre quotidien bien assis à la table des souvenirs votre quotidien et vos choix bien assis nous avons marché et marché et marché encore plus loin que vous plus loin que nous et nos ombres si maigres maintenant nos ombres si maigres et légères et froides et subtiles le vent a menacé de nous emporter le vent et la pluie de nous fendre la terre de recouvrir nos yeux et nos bouches nous avons marché et marché et marché toujours 

 


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