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Tapages, c'est les attardés de l'avant-garde. Tapages, c'est du réchauffé, parce que la cuisine c'est pas notre truc. Tapages, c'est ceux qui croient qu'on a encore un corps en état de fonctionner. Tapages, c'est ceux qui pensent que le poème est un corps en action.

au très silence (4), de Yannick Torlini

je te tairai ne rien dirécrire, comment ne pas avancer dans cette langue et ces siècles, ce très silence encore. ce qui déborde l’os et la patience plus rien. plus rien et plus jamais, fils, cher fils que le désastre sème encore que le désastre. rien que. et la déchirure du corps jour après jour.


 

jusqu’au sol ici bien longtemps et des siècles que la vigie. ici bien longtemps et à jamais le désastre. comment résister : à l’obscur au corps travaillé par le corps. je te dirai bien longtemps que je me tue au fond de moi bien longtemps que je me tais. je te dirai jamais et l’effondrement du bout des lèvres, le corps toujours. cet effort à recommencer, jusqu’à la désagrégation.

je te tairai dans ma langue pas tout à fait le corps. je te tairai et des siècles jamais te dire. jamais te vivre à la distance qui demeure l’os, le sel sur la plaie, le mur des dents. fils encore l’instant jamais ne s’arrête trente générations au moins, fils encore plus rien dans l’écrire et toujours écrire et toujours. cet éloignement entre nous installé pour sans cesse. sans cesse. cet éloignement je t’écris ne plus rien dire je t’écris, exister avant de.

ici ma langue. ici mon abandon. ici comment je m’arrête au milieu de. la phrase, le geste, cette génération que je t’abandonne, dans l’enfer généralisé, globalisé. cette génération puis la suivante ne pas t’exister, ce désastre et recommencer. fils, mon très cher fils. à jamais encore et bien des siècles sentinelle, je te vois au bord du dire, vivre, tenter de. je te vois tandis que l’effondrement gagne, progresse au bord de l’attente.
 

fils, mon très cher fils, ces instants taiseux je te les lègue, avec la dérive de l’os et de la chair ce désastre je te lègue sans mots. ce temps depuis longtemps et des siècles écoulé, au bord du jamais, ce temps aujourd’hui et toujours. te dire je n’ai pas pu, te dire je disparais, avec la lenteur de la certitude. avec l’acharnement de celui qui n’a plus rien.


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