Tapages, c'est les attardés de l'avant-garde. Tapages, c'est du réchauffé, parce que la cuisine c'est pas notre truc. Tapages, c'est ceux qui croient qu'on a encore un corps en état de fonctionner. Tapages, c'est ceux qui pensent que le poème est un corps en action.
Ça commence ici pas très loin ça commence où quelques années le néant pas très loin pas très loin et les années ou les secondes ou juste le temps de, et les années comment les vides s’entrechoquent comment les vides ça se mélange fusionne explose s’entrechoque pour donner quoi ça commence ici les vides puis moins de vide puis plus rien le vide, du plus profond de, pas de souvenirs seulement un écho pas de souvenirs, peut-être une résonance pas grand chose au final pas grand chose une résonance pas de souvenirs, ça commence ici moi pas grand chose quelques années pas dans le temps moi pas encore tout à fait moi, ni dans le temps ni dans l’espace pas tout à fait moi ni rien d’autre quelque chose sans commencement sans limite sans âge (qu’est-ce que c’est qu’est-ce que) une langue de chair pas encore d’oxygène une langue ça commence, dans l’étreinte chaude des entrailles de ma mère pas d’oxygène pas de temps pas d’espace (qu’est-ce que c’est qu’est-ce que), l’étreinte chaude cocon de muscles chairs organes fluides ça palpite ça commence le temps ça commence, des entrailles pas de temps pas d’espace ça commence seulement ça commence, seulement les entrailles ma mère qui pas le temps pas dans le temps ni l’air ni un jour et un jour et un jour comment pourtant ça commence pourtant comment commence ce moi comment commence ce (qu’est-ce que c’est qu’est-ce que).
Et comment tout d’un coup sur le point de, tout d’un coup quelques, sur le point de moi tout d’un coup et ça claque contracte crie ça crie oui une vibration dans le dehors puis de dedans puis ça crie, sur le point de, un morceau du corps qui se détache oui sur le point de, tout d’un coup ça se détache on m’a dit moi quelques heures durant ça se détache quelques heures durant on m’a dit, luttant contre le dehors quelques heures quelque sang luttant puis lâchant prise se détachant arraché luttant puis lâchant prise à nouveau, moi puis ma mère dans le dehors, luttant puis lâchant luttant puis lâchant expulsé puis moi tout riquiqui petit pas encore hurlant étonné oui riquiqui luttant puis lâchant prise dans le dehors tout riquiqui où ça commence le corps où sa s’arrête c’est quoi le début la limite, moi tout riquiqui étonné luttant contre l’air et les limites et quelques morceaux de chair mutilation quoi que c’est donc cette brûlure quoi que c’est donc, cordon autour du cou joues bouffies et bleuies quoi que c’est donc sans un cri moi m’étouffant déjà pas idée du corps m’étouffant m’étouffant pas voir rien voir ni les mains ni les pieds m’étouffant m’étouffant, ni rien juste pas très loin le corps chaud de ma mère puis, m’étouffant tout riquiqui toute asphyxie cordon déroulé joues dégonflées et un cri, tout riquiqui oui pas plus gros que mon corps toute asphyxie mon corps pourtant bien lourd déjà quatre kilos bien lourd pas plus gros dans le dehors luttant et luttant toujours et pas d’air mutilé arraché où que c’est ça commence où comment ça commence où ça s’arrête où, mais d’un coup la respiration cette brûlure qui ne quitte pas, cette brûlure gorge et poumons c’est quoi les poumons c’est quoi, puis les cris les pleurs et à nouveau l’étreinte de ma mère, les yeux en gelée pas voir rien voir seulement sentir se brûler les poumons c’est quoi se brûler à crier et crier et crier et crier c’est quoi crier pas voir juste sentir mains bras pieds étrange noyade dans l’oxygène poisseux étrange noyade oui, mutilation arrachement, toujours le cri peut-être la sensation d’être deux puis ça commence ça commence toujours ça commence sans cesse ça ne fait que commencer.