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27 décembre 2012 4 27 /12 /décembre /2012 20:23

Les Cahiers de la rue Ventura est une jeune revue dont le premier numéro est paru en 2008. Jeune revue, mais pas tant que cela : on sait combien il est difficile aujourd’hui de faire vivre une revue de poésie, passant en-dehors des grands circuits, car les grands circuits en poésie… il n’y en a pas (ou peu).

Claude Cailleau assume brillamment cette tâche. Auteur au parcours atypique qui, après trente ans de silence et un premier roman paru aux éditions Julliard, a publié une biographie de Pierre Reverdy, il décide en juillet 2008 d’écrire un numéro consacré entièrement à Julien Gracq, numéro qui deviendra la première publication des Cahiers de la rue Ventura.

C’est donc avec un grand plaisir que Tapages reçoit la cuvée de décembre 2012 : le numéro 18 de la revue Les Cahiers de la rue Ventura vient en effet de paraître, avec un sommaire assez éclectique, qui est tout à fait le bienvenu : Jean-Marie Alfroy, qui nous parle de Thelonious Monk, Yves le Marchand ou Bernard Grasset, avec ses souvenirs d’écriture, « l’art […] de l’intériorité et du silence » (p.4), pour des styles plutôt classiques et en finesse, ou bien Claude Vercey pour son « poème normal », suite de variations pleines d’autodérision sur la condition de la poésie en France.

Notons aussi la présence au sommaire d’Anne-Lise Blanchard, avec trois poèmes qui dansent sur l’instabilité de la langue : « Etrangère à elle-même/hors d’elle   en/quelque sorte/seul un portement/de Dieu si attendre quand/la route devenue presque/désastre/en son oscillement de/gibbeuse/repousse l’achèvement/qui lui colle au corps » (p34)

Le numéro 18 des Cahiers fait la part belle aux écritures étrangères : Chryssoula Katzianaki (Grèce), Kéla Apostolova (Bulgarie), ou Gilbert Lévesque (Canada). En des temps où la poésie, de par son morcellement en tant que genre, a plus que jamais besoin de se regrouper, de se créer une unité, une force, malgré, ou plutôt grâce à sa diversité, la démarche des Cahiers de la rue Ventura est absolument la bienvenue. Puissent les voix poétiques, aussi singulières soient-elles, ne pas cesser de se faire écho.

 

Yannick Torlini

 

 

Les Cahiers de la rue Ventura, N°18, décembre 2012

6 euros le numéro

22 euros l’abonnement (4 numéros)

http://clcailleau.unblog.fr/

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20 décembre 2012 4 20 /12 /décembre /2012 11:43

écoutez-les / écoutez-les / chaque jour / écoutez-les encore /écoutez-les un peu /chaque matin /écoutez-les chaque matin /écoutez-les /ils n’ont rien à vous dire écoutez-les / écoutez leur vide écoutez / leurs poitrines creuses /et faibles /écoutez-les /ils ne vous disent rien /écoutez-les /tousser râler cracher écoutez-les /ils ne vous diront rien /écoutez-les se taire ils mourront un jour / écoutez-les se taire /désimbriquer peu à peu /vos existences vos riens vos jamais /écoutez-les /ils mourront un jours écoutez-les /ils n’ont rien à vous dire écoutez-les / ils sont le silence même / ils désimbriquent toujours /le peu de mots écoutez-les /écoutez leur langue désimbriquée elle ne dit rien / leur langue / celle qui vous écrase comme des chiens elle ne dit rien /leur langue /écoutez-les /vous les chiens les moins que /vous les saints branleurs les bons à rien les paresseux les anarchistes les contestataires vous /écoutez-les /vous /qui avez encore une idée de l’humain / écoutez-les / ils ne vous diront rien / quand bien même la mort serait à leur porte / quand bien même vos petites vies menacées par /écoutez-les /ils ne disent rien /ils ne disent rien /ils ne disent rien /vous écrasent /vous méprisent /vous ignorent /ne disent rien /attendez /oui /vous les saints branleurs les bons à rien les paresseux les anarchistes les contestataires /attendez /patientez /continuez d’empiler /chairs + sang + muscles + os + idées oui surtout idées /d’empiler /désastres + désastres + désastres + recommencements / patientez / continuez / écoutez-vous les écouter / mourir


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16 décembre 2012 7 16 /12 /décembre /2012 19:15

 

 

 

 

tu t’es assises toujours ici le même endroit ///// le même geste désespéré ////// tu t’es assise en te disant //// qu’un maintenant vaut bien deux lendemains////////// qu’un maintenant //// et tant d’autres jamais //////// tu t’es assise au désespoir //// sur la berge noirs oiseaux noirs archipels //////// et ta colère /// a grandi pour rejoindre la somme ///// de toutes les colères //////// qui un jour ////// qui un jour /////// qui un jour ///////////////// oui

 

 

 

 


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1 décembre 2012 6 01 /12 /décembre /2012 11:51

sur la berge encore ne pas /// ou encore ///////////// dirécrire tu t’es assise ///////////// instants après instants coulaient //// aux petits matins /// aux petits matins le vent toujours ///// la berge //// aux petits matins ////// ne pas dirécrire /// ton attente ces grands oiseaux qui passent lourds //// ces grands oiseaux la déchirures /// des archipels dans /// sur la berge //// tu t’es assise pour //////////// ne plus repartir

 ces petits matins jours après jours ////// sur la berge où tu ne peux /// plus quoi d’autre regarder quoi d’autre //// ces archipels d’oiseaux //// déchirer l’instant déchirer le ////// regarder dirécrire toujours ne /// plus repartir tu t’es assise //// au beau milieu de ///// tu t’es assise /// en dévorant ta langue et l’absence et //// le mur des dents tu t’es assise // au bord de cette eau sans âge jour /// après jour //// ne plus parler ne plus rien se //////// tairetu voudrais pourtant //// de loin en loin //// poursuivre debout une vie déjà trop longtemps assise et //// la langue tu voudrais ////// pouvoir un jour te relever /// au bord de l’eau ces archipels (oiseaux, déchirures, instants) //////// ces archipels un jour sur la berge ne plus ////// demeurer cette position déjà plus qu’inconfortable ne //// plus //// jamais //// demeurer assise comme tu l’as été dans (pièce, cuisine, pages, lignes, livres)

un jour sur la berge ne plus ////// avoir à détester cette posture //// (matins, recommencements, fatigues ouvrables) //// une jour ne plus rien d’autre //// dévorée par ces archipels d’oiseaux de désastres de langues //// ce parler catastrophique à chaque instant tu //// te tiens assise tu te tiens /// immobile tandis que ///// à chaque instant ///// depuis le mur des dents /////// l’attente guette

ne plus avoir simplement à ///////// détester ce que tu es devenue ce que tu as //////// abandonné dans cette posture //// assise et repliée et immobile et //// la fatigue repliée /// dans l’attente ces archipels ton corps assis ////// à rassembler toujours et chaque matin /////// toujours et chaque matin ///// toujours et chaque matin ne pas cesser persister

rassembler oui et ô combien chaque bout de chair ///// chaque résurgence de langue balayée ////////// chaque morceau de toi par le courant ///// par ces grands oiseaux nocturnes oui désormais tu t’en aperçois ////// et ces archipels de cicatrices (secondes, minutes, heures) //// tu t’es assise pour ne plus avoir à //// te relever tu t’es assise et maintenant que faire d’autre

rassembler ressembler la fraction du ////// pierre + pierre + pierre + eau ///// tu t’es assise au milieu du jour /// tu t’es assise au désastre pour couler ne plus avoir à //// depuis ces oiseaux de nerfs ces /// archipels qui te déchirent ne plus avoir à ///// regretter cette vie qui te mène et /////// ta résurgence balayée la langue ////// de ceux laissés sans rien(s) //// à attendre ///// que le vent passe

toujours et chaque matin recommencer à /////// toujours ///// et chaque matin //// dans le criertaire dans le //// tu t’es assise au bord de l’eau assise ces archipels ////// de boue noire bocage forêt quelques ///// toujours encore cette posture déjà trop basse /// et les grands oiseaux de vent encore quelques ///// depuis ce jamais qui te sert /// d’antichambre toi à attendre /// au milieu de //////// te faire dévorer par //// toi à attendre dévorer la //// langue attendre encore


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13 novembre 2012 2 13 /11 /novembre /2012 21:07

je te tairai ne rien dirécrire, comment ne pas avancer dans cette langue et ces siècles, ce très silence encore. ce qui déborde l’os et la patience plus rien. plus rien et plus jamais, fils, cher fils que le désastre sème encore que le désastre. rien que. et la déchirure du corps jour après jour.


 

jusqu’au sol ici bien longtemps et des siècles que la vigie. ici bien longtemps et à jamais le désastre. comment résister : à l’obscur au corps travaillé par le corps. je te dirai bien longtemps que je me tue au fond de moi bien longtemps que je me tais. je te dirai jamais et l’effondrement du bout des lèvres, le corps toujours. cet effort à recommencer, jusqu’à la désagrégation.

je te tairai dans ma langue pas tout à fait le corps. je te tairai et des siècles jamais te dire. jamais te vivre à la distance qui demeure l’os, le sel sur la plaie, le mur des dents. fils encore l’instant jamais ne s’arrête trente générations au moins, fils encore plus rien dans l’écrire et toujours écrire et toujours. cet éloignement entre nous installé pour sans cesse. sans cesse. cet éloignement je t’écris ne plus rien dire je t’écris, exister avant de.

ici ma langue. ici mon abandon. ici comment je m’arrête au milieu de. la phrase, le geste, cette génération que je t’abandonne, dans l’enfer généralisé, globalisé. cette génération puis la suivante ne pas t’exister, ce désastre et recommencer. fils, mon très cher fils. à jamais encore et bien des siècles sentinelle, je te vois au bord du dire, vivre, tenter de. je te vois tandis que l’effondrement gagne, progresse au bord de l’attente.
 

fils, mon très cher fils, ces instants taiseux je te les lègue, avec la dérive de l’os et de la chair ce désastre je te lègue sans mots. ce temps depuis longtemps et des siècles écoulé, au bord du jamais, ce temps aujourd’hui et toujours. te dire je n’ai pas pu, te dire je disparais, avec la lenteur de la certitude. avec l’acharnement de celui qui n’a plus rien.


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24 octobre 2012 3 24 /10 /octobre /2012 21:28

archipelnerfsrecto.jpg

 

"On se heurtait au temps comme des mouches au plafond :

rien ne sortait de tout ça.

Pris dans le giron glacé de nos lits, jusqu’au matin,

la tête se capitonnait de bruits, d’échos, de vagues échouées sur nos porches sombres.

C’était la vie, encore."

 

 

Yannick Torlini, Archipel de nerfs, éditions Chloé des Lys

16,40€

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19 octobre 2012 5 19 /10 /octobre /2012 21:35

fils, mon très cher fils, tout ce que je t’écris un matin cesser ton corps. cette idée de la ruine et puis (temps, attente, recommencements), un matin seulement le dernier cesser. ce qui ne peut plus, la dislocation de chaque seconde sous ta peau le désastre : pullule. un matin cesser tout corps, toute langue, dans ce qui n’est que trop langue déjà cesser la gorge. et tout le reste encore tout le reste encombre, fils, ces deux hommes en moi et celui à (faire) taire, cesser le rien.

 tout ce que je t’écris un matin jamais plus. la guerre dans une guerre ma lutte, chaque matin pour : survivre à la répétition de jour + jour + jour + désastre + disloque. chaque matin survivre, jamais plus au très silence fils, cher fils, cette langue vide que je t’abandonne au crier, écrire. au vide des instants qui s’étirent je t’abandonne l’os, le sol, l’angoisse. je t’abandonne, ce que je n’ai pu, ne pourrai.

tout ce qu’un matin je ne t’écrirai plus écrire, tout ce qu’un matin encore la langue s’arrêter tout. s’arrêter plus jamais repartir, fils, très fils, s’affaisser à l’intérieur de soi je ne t’écrirai plus, crier, repartir, s’isoler dans. ce désastre à la douleur du très silence plus rien, plus respirer encore. je t’offrirai la pesanteur de l’os, l’instabilité de la chair, avant de me taire avant.

je ne t’écrirai plus des siècles mon propre corps, le très silence des jours. je ne t’écrirai plus vivre crier taire, poursuivre l’intervalle et tenter malgré tout je ne t’écrirai plus vivre. rien d’autre la gorge nouée, ces instants forcés et l’air qui ne passe plus mon cher fils rien que l’aridité de l’os. rien que la pierre et ce qui n’a pas de présence comment t’écrire : ce vide, ce désastre, ce peu à peu et chaque seconde. ce peu à peu et (à) jamais.


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3 octobre 2012 3 03 /10 /octobre /2012 16:33

 

 

 

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Yannick Torlini, La malangue

Editions Vermifuge, 2012

11 €

Contactez Tapages

 

 


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28 septembre 2012 5 28 /09 /septembre /2012 23:13

ce que l’on se raconte, pour étancher le temps. la peur. l’ennui et. ce que je tais encore et pour des siècles et des siècles ici, rien d’autre que l’agonie d’un monde je t’écris ce rien, tout ce que je tais je t’écris la guerre ceux qui me tuent, me dévorent, me creusent. le désastre des matins. l’ennemi chaque jour fils chaque jour l’agonie d’un monde lutter contre. lutter pour. lutter sans : je te dirai ne plus être ne jamais. avoir été cet homme à. survivre. depuis ce vide je reprends ici je t’écris changer le mot. changer être changer devenir. encore. et malgré. changer changer.


je t’écris ces matins qui me tuent et ce que l’on se raconte, pour un instant et des siècles, ne plus. je t’écris exister ces matins survivre, au désastre, le sinistre, ce qui étouffe fils je t’écris écrire ma chair ces matins, je t’écris raconte. comment chaque jour ne pas baisser les bras chaque jour poursuivre. le mot. la phrase. le corps. la lutte. ce que l’on se raconte pour. encore.


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24 septembre 2012 1 24 /09 /septembre /2012 11:34

 

 

http://soundcloud.com/kraums-notho

 

 

Kraums notho : est un duo formé en 2012 à Bordeaux par le guitariste Krunoslav Ptitcar et le poète Thomas Déjeammes. 
Oscillant entre le noise, le rock progressif en courant alternatif, la trituration des cordes de la guitare et entre des textes parcourant la matière des mots et la réalisation fictionnelle dans les arcanes du langage, nous improvisons et expérimentons à chaque rencontre dans ce que nous appelons des « performotsonnances ». 
Kraums notho est un road-trip électrique où les pédales tentent de gérer la destination et les restes…

 

 


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