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21 juin 2014 6 21 /06 /juin /2014 20:03

 

où irons-nous, où irons-nous ici, lorsqu’il n’y aura plus même de lieux lorsque, la terre sous nos pieds la terre s’affaissera ici, où irons-nous ici. cette enclave de la langue sans langue quelque chose se brise, que serons-nous, qui serons-nous à l’instant où : il n’y aura plus rien. les corps s’étiolent et quelque chose de l’os transparaît : vous vous tairez, il n’y aura plus rien à dire, vous vous tairez nous n’irons pas. seulement quelque chose de l’os qui transparaît ça : s’étiole, de l’os ça, quelque chose, s’étiole transparaît, seulement l’os seulement, s’étiole quelque chose, transparaît ça, seulement, l’os l’os et quelque chose seulement ça, transparaît l’os s’étiole transparaît ça, quelque chose seulement, seulement, ça transparaît l’os seulement, quelque chose s’étiole, l’os, transparaît, s’étiole, quelque chose seulement, s’étiole, l’os transparaît, ça :

entre

l’os

et

le sol

quelque chose

s’étiole.

il n’y aura plus rien vous le savez pourtant, à persister plus rien vous toujours à persister dans cette fatigue du lendemain, du désastre, du lendemain du désastre vous persistez. il n’y aura plus rien : vous le savez vous : persistez, chaque matin à vous lever & parler & essayer & espérer & rire aussi de vos efforts au moment où : il n’y aura plus rien. que direz-vous. que direz-vous encore dans l’après de l’après dans, l’âpre après de l’après que direz-vous.

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9 juin 2014 1 09 /06 /juin /2014 19:06
 
 
 
"camarade renie l’avril attente pour ne jamais au grand jamais du perturbe-perdure, crier la bouche vide, mai au grand jamais, crier juin jusqu’au silence des lilas tenir (la crampe d’exister). camarade ne repose pas tes muscles au désespoir d’un renversement qui juillet crève. tiens. tiens encore dans le semblant de. ta bouche + ta bouche + ta bouche ne font pas une voix dessine ta misère (creuse, coupe, taille, cimente, crampe), au front d’août arase. arase ta langue dans le sillon d’aucune langue arase ta première ligne arase pour."
 
 
Yannick Torlini, Camar(a)de, éditions Isabelle Sauvage, juin 2014.
14€
Parution de "Camar(a)de"
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5 juin 2014 4 05 /06 /juin /2014 21:14

 

 

lorsqu’il n’y aura plus rien à dire. lorsque tout et plus rien. que ferez-vous que direz-vous. lorsqu’il n’y aura plus rien, que direz-vous plus rien. lorsqu’il n’y aura plus rien à dire lorsqu’il faudra abandonner le terrain au silence, abandonner le terrain et creuser. abandonner le terrain, s’enfouir dans le vide laissé par la malangue, le vide creuser, s’enfouir, patienter à nouveau le vide s’enf(o)uir. encore. abandonner le terrain au désastre. abandonner encore. lorsqu’il n’y aura plus rien à dire, que les mots et le temps lorsqu’il n’y aura plus rien. que ferez-vous lorsque le temps manquera au temps lorsque, le temps manquera lorsque, le temps manquera et la force aussi. que ferez-vous. le temps manquera pourtant et que ferez-vous, que tairez-vous, le temps manquera que ferez-vous, lorsque tout aura été dit et que seulement la langue. seulement la langue seulement, seulement la langue, seulement seulement la langue, seulement, la langue seulement seulement, la langue, seulement la langue seulement, la langue seulement. le temps manquera la terre : aussi. que ferez-vous lorsque.

seulement la langue seulement,

seulement la langue, seulement,

seulement la langue seulement,

la langue seulement la langue,

seulement seulement la langue,

seulement,

la langue seulement seulement,

la langue,

la langue seulement,

seulement la langue seulement,

comme des corps qui roulent,

seulement la langue, seulement.

 

 

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4 juin 2014 3 04 /06 /juin /2014 21:46

Vient de paraître, aux éditions l’atelier de l’agneau : Cylindres, de Denis Ferdinande.

 

Dans un style toujours très dense et d’une précision extrême, comme c’était déjà le cas dans Une phrase, juste, qui tentait d’atteindre les limites de la langue et de la parole, Denis Ferdinande nous livre ici un étrange livre, entre le roman et le récit poétique, où le propos, toujours sous couvert de livrer une réflexion sur « l’écrire », prend une dimension labyrinthique, où la parole se perd pour mieux s’y retrouver. Car s’il y est question de l’écriture, l’errance et le voyage sont également le centre de ce livre (cf le récit de « l’arche », de sa dérive, presque), et d’une certaine manière, la prolongation du travail de l’écrivain, la prolongation de la phrase, qui s’étend, s’avance, s’enroule sur elle-même et sa signification.

Ainsi, les phrases deviennent cylindres, sur le modèle des cylindres phonographiques dont il est ça et là question dans le livre, et qui lui donnent son titre (et son mouvement interne). Comme si le son, la voix et la parole étaient un éternel voyage, un éternel commencement, le propos est circulaire, il explore pour mieux se perdre, il est un mouvement continu, à la manière de la longue correspondance auteur/éditeur présente dans le livre, le départ appelant toujours un point de retour géographique, la phrase une réponse : Cylindres, à bien des égards, semble être un livre-mouvement, calqué sur le mouvement de la langue et de la pensée. Un livre – pour reprendre une expression de Ghérasim Luca – sans fin ni commencement.

 

Yannick Torlini

 

 

Denis Ferdinande, Cylindres, Atelier de l’agneau éditions, 2014.

113 pages

16 euros

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26 mai 2014 1 26 /05 /mai /2014 20:11

 

 

 

et puis maintenant

 

des forêts se dressent sous tes pas et des charniers dans ta tête et maintenant des avenirs incertains des avenirs encore mais ne t’inquiète pas les jours adviendront ne t’inquiète pas les luttes adviendront toujours tu le sais les mondes ne s’effondrent que pour être reconstruits ne t’inquiète pas d’autres murs seront toujours à briser d’autres sommeils à dépasser et ta silhouette et ta silhouette toujours à errer toujours

 

petit frère (les lendemains adviendront)

 

ta place est dans ces mondes où la cruauté pourtant petit frère ne désespère pas ta place est ici maintenant ne désespère pas petit frère

 

ne désespère pas les prisons et les désastres ne sont jamais éternels petit frère bien d’autres soleils se lèveront avant la fin bien d’autres soleils encore

 

ne désespère pas

 

ne désespère plus

 

il est temps maintenant

 

il est temps d’advenir.

 

 

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14 avril 2014 1 14 /04 /avril /2014 20:59

l

Poèmes carrés, de Jean-René Lassalle
Poèmes carrés, de Jean-René Lassalle
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4 avril 2014 5 04 /04 /avril /2014 13:06

MON TRESOR ET PAS MES TRESORS

 

 

L’appartement de Mathieu était sous scellés

 

Et pendant ce temps de sinistres tractations eurent lieu dans l’obscurité inquiétante des docks

 

Toi aussi tu veux mon or pour le donner aux communistes ?

 

Et pendant qu’on y est une réduction pour les inspecteurs de Scotland Yard ?

 

C’est que nos clients sont le gratin de la Kriegsmarine

 

Des commandants de sous-marins

 

A ce propos je vous demanderai juste d’ôter vos souliers et de laisser dedans votre argent

 

Vous allez plonger dans l’histoire d’une façon mille fois plus intense qu’avec tous ces gadgets technologiques

 

Et maintenant vous les voyez vos têtes dans ces putains de bocaux

 

 

 

 

 

 

C’EST TROP FORT

 

 

 

Un rocher vit sur une île depuis cent mille ans

 

Si un scooter veut le contourner il tombe en panne d’essence

 

Et ces histoires creusent un volcan en tombant sur le sol

 

Ces contes tarabiscotés passent au dessus de la coupe au carré des acheteurs de motoculteurs

 

Certains voient même leurs légendes se transformer en un marbre monumental qui les écrase sous son poids

 

Ils font autant de bruit qu’un escadron de cavalerie

 

J’en ai au moins pour deux heures maintenant à me dépêtrer de leurs langues

 

 

 

 

 

 

 

EN DIFFAMATION

 

O mes enfants aux joues pétales de rose

 

Les montages les plus imaginatifs que j’ai découverts ces dernières années portent leur griffe

 

Mais nous voilà  Dieu des coccyx rafistolés !

 

On est obligés de traquer les pisse-froid les rabat-joie qui nous gâtent la soirée avec leurs tronches de six pieds de long

 

Leur esprit mou et pervers contamine tout ce que nous adorons

 

Ils n’aiment pas les contrôles de police ?

 

Savent-ils que leurs saletés se repassent des œufs d’oiseaux ?

 

Ils ne nous ont même pas répondu sur les tableaux

 

Ne vous faites pas d’illusions sur le genre humain

 

Nous allons essayer de plaider l’origine

 

L’effort du matin avec déjà le goût de l’alcool dans la bouche

 

Mieux vaut commencer à y croire

 

 

 

 

 

 

 

 

 

BASTON C’EST BON

 

 

 

Les désirs interdits sont plus assassins que le tranchant du rasoir

 

Ils vous préparent une petite place au chaud pour cramer avec vos idées en enfer

 

Ne plus jamais entendre parler de trucs qui frôlent ou qui plient

 

Ce genre de dérapages dans ce qu’il vous reste de bouche ça s’appelle révolte

 

N’ont rien à faire dans les mains d’une dame

 

D’une seule charge on devrait tout pulvériser

 

Voici la porte à me prendre en pleine poire plus habile que cet estropié

 

Comme une explosion garantie 5 ans

 

C’est du nucléaire light dont les mots vont s’autograver dans le béton

 

Un coup de poing parti avec aisance et simplicité

 

Les pinceaux qui commencent à pleuvoir de partout

 

Lui plus de ballons depuis longtemps

 

 

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19 mars 2014 3 19 /03 /mars /2014 13:57

 

 

Philippe Jaffeux vient de publier Courants blanc, aux éditions L’Atelier de l’agneau. Toujours dans la lignée de son Alphabet, sa somme poétique et cosmogonique autour du travail de la lettre, Courants blanc reste très marqué par le style percutant et hypnotique de Philippe Jaffeux, ce style qui fait de chaque livre de l’auteur une logorrhée chaotique mais créatrice, un magma de mots et de pensées qui donnent à entendre et à lire l’univers en mouvement.

Dans Courants blancs, « des mots se font écho l’un l’autre en vue de révéler un sens paradoxal, de créer un mouvement. Ces courants installés dans la page par séries de 26 existent seulement au présent ; l’électricité de l’alphabet court-circuite des allers-retours entre le passés et l’avenir. La figure exécutée par chacun de ses paradoxes se rapproche d’une volte-face ; une phrase s’enroule autour d’elle-même afin de construire sa propre révolte. Aucun de ces courants n’a été écrit ; ils ont tous été enregistrés avec un dictaphone numérique. »

Comme toujours, l’entreprise de Philippe Jaffeux se révèle ambitieuse, puisqu’elle est une mise en danger de soi-même et de la pensée par l’écriture de la tension. Ces courants sont, à tous points de vues, des courants de pensées, de véritables charges électriques se mettant en mouvement au contact les unes des autres. L’utilisation du dictaphone est d’ailleurs révélatrice d’un passage à un autre espace, pour l’écriture de Philippe Jaffeux : la poésie n’est plus dans l’écriture, mais dans le son, la vibration, les variations électriques générant des ondes de pensées. Les thèmes de la foudre et de l’électricité reviennent d’ailleurs très souvent : « L’électricité alimente la source de l’alphabet grâce à la nature d’un vide foudroyant. » (page 5, qui est la première page du livre).

Tout le livre de Philippe Jaffeux est une tentative de mise en contact des opposés, visant ainsi à créer un champ électrique mettant en mouvement l’alphabet. Ce travail sur la lettre, toujours, ainsi que les questionnements récurrents sur le mot, le langage, et la place de l’individu dans tout cela, deviennent ainsi une tentative de saisir le mouvement de la langue et du mot : l’aphorisme – parce que Courants blancs est bien une suite d’aphorismes – se fait ainsi condensé d’énergie, une énergie qu’il faut saisir puisqu’elle est une mise en tension de la langue, cette langue créatrice, foudroyante, lumineuse. Cette langue qui est celle de Philippe Jaffeux.

 

                                                                                                    Yannick Torlini

 

 

 

Philippe Jaffeux, Courants blancs, L’Atelier de l’agneau éditeur, 2014.

16 €

 

 

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14 mars 2014 5 14 /03 /mars /2014 12:37

Nous signalons la parution imminente (c'est-à-dire le 21 mars) du dernier livre de Yannick Torlini, Nous avons marché, aux éditions Al Dante.

L'auteur présentera son livre les 29 et 30 mars au CCAM à Vandoeuvre-lès-Nancy, à l'occasion du festival POEMA

 

Présentation de l'éditeur :

"Nous avons marché se décompose en trois parties bien distinctes :
1/ Tarik(manuel d'exil)
2/ s'échapper échapper
3/ Tenir registre du silence
Le lien entre les trois textes, est le thème récurrent de la fuite. De l'échappée.
Le premier texte est sur l'exil. Exil réel (de son pays, de sa communauté), mais également exil de la vie matérielle, exil de sa propre langue. Tarik est sur le chemin pour devenir le chemin.
l'écriture est heurtée, fragmentée, se construit sur ses revers, le texte est balisé par des dessins, des schémas.
La seconde partie est composée de courts textes sur le refus de toute forme d'enfermement (enfermement physique, moral, politique...) et la volonté de fuir. La fuite comme seule solution, comme lutte ultime, la fuite avec sa force vitale, mais également son impossible : il n'y a pas de fin à la fuite, mais le risque d'autres murs. La fuite également se compose comme une langue qui se réinvente en trébuchant...
La dernière partie est écrite en une seule salve, sans ponctuation, sans fin (puisque elle s'achève sans s'achever, phrase en suspens)... il y est question d'une échappée, d'une marche. C'est un texte sur la décision : décision de partir et de n'être plus qu'un départ, de n'être plus que l'échappée même ; décision de l'écriture enfin...

 

Yannick Torlini est un jeune poète. c'est-à-dire qu'il est jeune, et qu'il ne cesse de travailler. À 26 ans, il a déjà plusieurs ouvrages à son actif, a ouvert un blog de poésie (Tapages.over), chantier poétique qui lui permet de confronter son écriture à celle des autres et d'ouvrir un dialogue avec d'autres écrivain-e-s.
Il est en contact avec un grand nombre de revues, où il publie régulièrement. Et la singularité de son écriture est qu'il peut aussi bien nourrir le sommaire de revues connues pour leur engagement dans des écritures poétiques issues des avant-gardes historiques (doc(k)s), d'autres encore qu explorent les liens entre poésie et philosophie (La vie manifeste), ou d'autres enfin, qui explorent de nouvelles expérimentations autour du poème et de ses liens avec le corps, le langage, la voix, en passant du lyrisme à la littéralité, du vers libre à la prose déconstruite. Et c'est peut-être ça, la nouvelle modernité en poésie, dans toute sa nouvelle radicalité: un écriture plurielle qui s'échappe de toutes les écoles, pour se déplier hors de tous les formalismes, qu'ils soient anciens ou nouveaux, éprouvés ou à venir...
Il travaille et creuse la langue, la "malangue" comme il dit, une langue qui comme un argile forme dans le temps de l'écriture les contours mouvants d'un "être au monde" conflictuel.
À lire Yannick Torlini, malgré la grande singularité (et maturité) de son écriture, on ne peut s'empêcher de penser parfois Ghérasim Luca (auquel il a consacré un essai : Ghérasim Luca, Le poète et sa voix : Ontologie et érotisme - L'Harmattan, 2011), mais également à Tarkos..."

 

 

 

 

"… sous nos pieds le sol s’est dérobé mais nous avons insisté pour toujours toujours toujours continuer et marcher et apprendre le silence minéral le silence végétal et la densité de la terre dans nos poumons et ces yeux destinés à ne plus voir mais seulement pleurer et pleurer et pleurer le sel et la plaie nous avons marché un matin pour ne jamais nous arrêter ni regretter ni tourner les talons nous avons marché un matin pour connaître la lutte la guerre et l’anéantissement de tout ce que nous aurions pu être de tout ce que nous aurions pu devenir si vous aviez bien voulu si vous aviez accepté de nous suivre…"

 

Yannick Torlini, Nous avons marché, éditions Al Dante

150 Pages

15 €

 

Pour vous procurer l'ouvrage, contactez Tapages

Parution de "Nous avons marché", de Yannick Torlini
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10 mars 2014 1 10 /03 /mars /2014 11:11

 

 

 

 

ta langue dans sa dispersion ta langue maintenant très maintenant ta langue voudrait encore quelque part par-delà la langue et l’os et la pierre et les murs et les tendons et l’attente et l’espoir et ta langue voudrait maintenant oui très maintenant ici ou là inventer une marche un silence ou l’écho de voix lointaines maintenant oui quelque chose de ce monde émerge de ta gorge en éclats quelque chose de cette guerre perce à nouveau cet obscur qui te travaille ce mouvement inconscient d’être un mouvement ta langue oui voudrait devenir ce mouvement qui te tirera hors de cette pièce ta langue maintenant et là très là voudrait sortir

 

de cette pièce cette attente sortir de cette pièce où il est si facile de mourir comme les mouches de mourir et ton corps si facile de cette pièce sortir où tant de mémoire tant d’échos et de plaies aussi ton corps comme les mouches si facile qui meurent qui voudrait oui ton corps plus loin que toi dans le désastre sortir voudrait sortir comme les mouches qui meurent maintenant si facile ton corps là très maintenant là à trembler sa tentative de mouvement trembler toujours si facile voudrait oui ton corps s’échapper échapper comme les mouches de ce qui ne tient plus ensemble

 

maintenant tu te demandes comment c’est avancer vers toi-même et dans ce fracas comment c’est tu te demandes

 

 

 

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