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18 octobre 2010 1 18 /10 /octobre /2010 22:02

 

 

 

 

Si on a tous la même situation la même place le même corps peut-être pas les mêmes particularités mais le même fonctionnement général si on a tous ce même et unique rythme global dans notre façon d’habiter de meubler ce monde ou de s’y creuser un trou si on baigne tous dans cette même infâme vasque remplie de merde si on est tous pareils à déborder avec la même existence moyenne on peut se dire oui on peut peut-être se dire qu’après tout nos désespoirs se nivellent que la vie même la plus infâme n’est pas si terrible que ça que si l’absurdité est la règle alors plus rien n’est vraiment absurde

 

 

On a peut-être le droit de se dire que tout est tellement dégueulasse que ça en devient bon ou du moins acceptable que le goût devient moins prononcé plus fade et que tout passe alors un peu mieux comme une bouillie tiède ou pas tout à fait avariée

 

 

Après tout nous sommes bien des gens convenables l’absurdité on en a fait notre pain quotidien sans broncher sans crier ça fait si vulgaire de crier à l’absurde non quand on crie c’est après les petites choses c’est après toutes ces broutilles qui nous flinguent nos absurdités paisibles

 

 

On est polis on prend ce que l’on nous donne

 

 

T’as dit merci au monsieur

 

 

Alors si tout est nivellé si tout est pareil je me dis que tout est uniforme je me dis que la vie n’est qu’un uniforme qu’on porte tous un uniforme différent mais qu’au fond c’est la même chose qu’on est au garde-à-vous dès le matin qu’on doit être au rapport qu’on doit rendre des comptes à tout le monde parents maris femmes voisins collègues patrons gouvernements dieux et même à soi-même oui surtout à soi-même

 

 

Il faut rendre des comptes à soi-même

 

 

On n’est plus tranquilles nulle part même à l’intérieur de soi lorsque l’on a fermé les volets dressé les barricades lorsque l’on s’est bien enfoui dans un épais silence un épais silence qui se rapprocherait d’un grand merde que l’on lancerait à la volée un grand merde qui s’adresserait à tout ce qui nous colle aux basques depuis la naissance et qui s’accroche qui s’accroche jusqu’à la mort la nôtre

 

 

Il faut toujours faire avec

 

 

Avec les sangsues

 

 

Et savoir dire merde à la vie mais

 

 

L’existence c’est de la location pas chère l’existence c’est l’existence des bernards l’hermite l’existence c’est occuper le moins de place possible c’est occuper un trou qu’on appelle corps l’existence c’est meubler son corps comme sa baraque et se faire tout petit en attendant qu’une vague passe sur tout ça

 

 

Je voudrais sortir mais j’ai perdu les clés

 

 

 

 

 

Tristan Solman

 

 


 

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commentaires

F
<br /> C'est frappant, comme une vérité cachée.<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Mais t'es déjà dehors, Tristan !<br /> <br /> <br />
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S
<br /> criant<br /> <br /> <br />
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