Vient de paraître, aux éditions l’atelier de l’agneau : Cylindres, de Denis Ferdinande.
Dans un style toujours très dense et d’une précision extrême, comme c’était déjà le cas dans Une phrase, juste, qui tentait d’atteindre les limites de la langue et de la parole, Denis Ferdinande nous livre ici un étrange livre, entre le roman et le récit poétique, où le propos, toujours sous couvert de livrer une réflexion sur « l’écrire », prend une dimension labyrinthique, où la parole se perd pour mieux s’y retrouver. Car s’il y est question de l’écriture, l’errance et le voyage sont également le centre de ce livre (cf le récit de « l’arche », de sa dérive, presque), et d’une certaine manière, la prolongation du travail de l’écrivain, la prolongation de la phrase, qui s’étend, s’avance, s’enroule sur elle-même et sa signification.
Ainsi, les phrases deviennent cylindres, sur le modèle des cylindres phonographiques dont il est ça et là question dans le livre, et qui lui donnent son titre (et son mouvement interne). Comme si le son, la voix et la parole étaient un éternel voyage, un éternel commencement, le propos est circulaire, il explore pour mieux se perdre, il est un mouvement continu, à la manière de la longue correspondance auteur/éditeur présente dans le livre, le départ appelant toujours un point de retour géographique, la phrase une réponse : Cylindres, à bien des égards, semble être un livre-mouvement, calqué sur le mouvement de la langue et de la pensée. Un livre – pour reprendre une expression de Ghérasim Luca – sans fin ni commencement.
Yannick Torlini
Denis Ferdinande, Cylindres, Atelier de l’agneau éditions, 2014.
113 pages
16 euros